Crise tant que tu peux
Par Angel (2015)
D'un cri de détraquée, t'as craqué
Et la sécurité t'a embarquée.
Ignorant ce délire qui t’asphyxie,
L'argot des psys te classifie parmi
Les « cas de force majeurs en béton »,
Je leur enfonce le mien bien profond
Pour t'avoir muselé entre leurs blouses,
Creusé ta tombe à coups de piquouses !
Encastrée dans leurs lois te voilà donc légume,
Angoissée, honteusement tu te consumes
Et assumes consignes et clauses
Du cloître qui t'enclave et te pose
En chose pas sensée décider du remède
Imposé par leur aide, en un sens : crève ou cède !
S'ils t'éloignent du bord la fenêtre,
Ce n'est pas pour penser ton bien-être :
Les curateurs ne craignent pas ta mort,
Mais, qu'un voile se lève sur leurs torts !
…
Tor--due se fait cette médecine
Qui t'assigne à t’asseoir
Te consigne au dortoir,
Prendre racine ou l'aspirine ?
Aspirer au calme sans calmants,
Avaler la somme des comprimés
Jusqu’à déprimer sous l'assommant
Marteau réprimant ta rage en danger !
Mélanger et mettre en cage ceux qui dérangent
Arrange bien ce monde étrange où l'on range
Et refourgue dans un fourre-tout,
Ceux qui s'effacent à l’essuie-tout,
Torchés comme des tâches indignes,
Parce qu'ils dévient de la droite ligne...
Réfugiée à la marge, on te gère,
On te charge de refouler l'impatiente
Patiente qui se gonfle dans l'attente,
On dirait une mongole fière...
…
Mais comment se fier à cette science ?
Comment la qualifier d'humaine ?
Quand elle se fait politicienne
Qu'elle pacifie des déficiences
En canalisant sur la télé,
L’Ego qui paraît anormal,
Pièce de lego mal emboîtée
Planquée sous tutelle légale !
L'égalité s'écrase dès sa base,
Quand hier certains usaient de chambres à gaz
Aujourd'hui, ce système est toujours le même :
Il étouffe encore ce qui pose problème !
Alors brisons chaque maillon
d'une chaîne qui tient des vies,
d'une crise qui tait ses cris,
Quitte à s'élancer sans raison
Broyons les juges et leurs peines,
Ces docteurs refilent la migraine,
Quand des personnes se classent et se remplacent,
En un tas de feuilles qu'on pelote et qu'on déplace.
… mais...
Que complote cette thérapie, nommée psychiatrie,
Qui confond mal-être, malaise et schizophrénie,
Qui confine et confie des concitoyens
Aux mains d'incompétents qui condamnent aux soins ?
Contrainte en compote, on t'attache,
et ta complainte contemple les dégâts
De menottes que tu arraches,
De dégoût, tu débordes et … on t'abat,
Te passe à tabac, un sac cabas sur tes défauts
Plaque au placard le trop plein d'émotion des mots...
Lassée des mots à mots, des mots tabous
T'as beau tout démolir, ya rien qui pète
A fond d'amphet', au fond du trou
L'hosto s'entête à te rendre muette,
Ton ombre s'étend
Dans l'étang du temps,
Mêlée au sol, Prise pour folle,
Tu t'éteins et reste
Ce cachalot à l'ouest.
Ça t'ensorcelle,
Ça tambourine
Dans ta cervelle,
Ça sent l'urine,
Souvenir du palier de ta cellule,
Que ton voisin, chaque matin macule.
…
Débarrasse l’HP,
Si le psy le formule,
Blasée ou retapée,
Tu bouges de ta bulle !
Et tout le monde circule
ya rien a voir
que des rasoirs
sans veine et sans scrupules !
En crise au radar,
En prise au hasard,
L’État te nie, s'applique
Mécanique à te faire
Tourner en bourrique,
Ce service publique
Aux sévices sévères
S'affaire en bon flic !
Leur tactique t’attaque,
Te traque à la matraque,
en vrac, ça craque dans ton crâne
ça cavale encore en cabane
écartée,
éclatée,
dans l'étau des procédures
qui persistent et perdurent,
qui déforment et calibrent des équilibres,
difformes, hors des normes, la voie n'est plus libre !
La fermer ne guérit pas, mais réduit
En dynamite atomique sans un bruit,
tu ne sais plus ce que tu tais,
quand l'asile t'entasse,
tu ne sais plus ce qui te plaît,
ta carcasse se casse,
se vide ; tapie, la clique clinique t'épie
Et si leur porte d'un cliquetis claque, tant pis :
Cessons l'internement,
Halte au détournement,
Des proches et des approches,
Trop longtemps que tout ça cloche !
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